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par Julien Aunos

L’album du groupe Wonderbach arrive à point nommé. Intitulé Lumière, eau et minéraux, il est une merveilleuse parenthèse dans ce confinement qui n’en finit plus. Enregistré chez les turbulents du collectif Coax, leur musique renvoie au dehors, aux éléments, à la nature, à tout ce qui nous manque tant aujourd’hui.

A son écoute, les sensations nous transpercent. On s’imagine ailleurs, embrassant un espace infini, déambulant dans une nature intacte et sauvage. On se figure des cascades, des torrents, des sommets hérissés. Même les titres des morceaux nous ouvrent des horizons chimériques : « Ficus religiosa », « Aguarius silvicola », « Strix occidentalis ».

Totalement improvisée, la musique emprunte des chemins de traverse ; elle circule, coule, furette au gré des prises d’initiative de chacun (il me faut, à ce stade, les citer tant leur virtuosité et leur cohésion font merveille : Marie Takahashi, Olivia Scemama,Yann Joussein, Manuel Adnot) : une sinueuse descente d’arpèges, des bruissements de cymbales, de puissants frottements d’archet, une caresse sur une peau, une tempête de fûts. Tout s’agglomère minutieusement pour former un grand tout âpre et renversant qui donne le vertige.

C’est le pouvoir de cette musique intranquille et foisonnante. En nous donnant à entendre toute l’immensité du monde, elle nous transporte dans un ailleurs fantasmagorique et nous fait nous sentir vivant.